Le président de la République a annoncé la fin de l’abondance et du « quoiqu’il en coûte ». Cette décision est un tournant important du quinquennat et annonce l’avènement d’une période d’économie budgétaire « en même temps » que la crise internationale aggrave le prix de l’énergie et des matières premières. Avec une dette représentant 115% du PIB, l’Etat va donc progressivement se limiter à gérer les affaires régaliennes (armée, police, justice..) tout en ayant intérêt à s’appuyer sur les territoires pour répondre aux quotidiens des citoyens.
C’est donc le moment pour Emmanuel MACRON de relancer l’acte III de la décentralisation qui permettra aux territoires de renforcer leurs autonomies d’une part et à l’Etat de se moderniser et de se désengager des questions territoriales suivant le principe « Penser global, agir local ». Pour ce faire, il pourra finaliser une organisation territoriale française déjà finement découpée (Commune, Métropole, Département, Région) à la différence de nos pays voisins européens (Allemagne, Italie, Espagne) qui ont opté depuis longtemps pour un modèle fédéral avec la Région comme principal interlocuteur territorial.
La France dispose d’un maillage impressionnant d’élus locaux. Aujourd’hui, être élu local, c’est d’abord vouloir participer à la vie de son territoire tout en faisant partager sa vision pour laquelle il a été élu. Etre élu local, c’est consacrer du temps en faveur de ses concitoyens pour toutes les questions d’intérêt collectif et prendre des décisions de bon sens. Enfin en 2022, être élu local c’est aussi prendre des risques et parfois se heurter à des hostilités nouvelles. Rappelons que depuis 2020, plus de 400 maires ont été agressés en France.
Bref, l’Etat a aujourd’hui une nouvelle urgence et un intérêt accru à s’appuyer sur les différents réseaux d’élus locaux porteurs de démocratie directe et gage d’efficacité et de proximité.
Lancé en 1982 par Gaston DEFERRE, la France n’a toujours pas achevé son processus de décentralisation. Finaliser l’acte III de la décentralisation serait une décision marquante de la présidence d’Emmanuel MACRON surtout si elle va dans un sens d’autonomisation renforcée et de libertés accrues pour les territoires.
Didier DAVITIAN ( Sciences Po Paris), Président de D.A PARTNER, cabinet de stratégie et d’influence territoriale