Pouvez-vous nous citer et décrire l’une des actions phares réalisées et/ou venir sur votre territoire ?
J’ai choisi de faire des réseaux sociaux (Facebook, Instagram) un véritable outil de pilotage de certaines politiques locales, convaincu qu’il faut établir une communication directe et facile entre la Ville et son public. Cette communication ne peut pas passer par le seul prisme de la presse locale, que nous ne maîtrisons pas, ni par le seul site Internet qui permet aux administrés de trouver les informations utiles pour « vivre la ville » mais demande une démarche pro-active. Avec les réseaux sociaux, on touche instantanément un très large public et facilite l’engagement des administrés comme acteurs de la vie collective.
Une complémentarité est assurée entre le compte de la Ville (dont je suis co-gestionnaire, avec le service communication, pour réagir avec souplesse, notamment en dehors des horaires de bureau) et le compte personnel du Maire (que je gère en direct). L’un permet la communication institutionnelle, l’autre d’avantage d’analyses et de débats avec les citoyens. Cela demande une forte présence sur les réseaux, mais permet un échange Ville-citoyens 7j/7.
Une masse critique d’abonnés a été atteinte: plus de 11 000 sur le compte de la Ville (pour 12 000 habitants) et 5 000 sur mon compte personnel. Cela demande un pilotage engagé de l’outil pour maîtriser les effets pervers : en donnant la parole à chacun, instantanément et de manière quasi anonyme, on libère aussi des frustrations et transforme certains administrés en experts multi-sujets. C’est une donnée qu’il faut intégrer, en répondant de manière régulière et pédagogique aux commentaires. Un silence peut être interprété, à tort ou à raison, comme une information.
Nos réseaux sociaux sont devenus un outil majeur de notre politique d’information quotidienne et événementielle, de pédagogie, d’appel au civisme. Ils ont montré leur pertinence en temps de crise, comme lien primordial entre la population et la Ville durant les périodes de confinement, pour informer, rassurer, orienter. Plus couramment, ils permettent de noter des dysfonctionnements en dehors des circuits et horaires habituels (panne d’éclairage dans un quartier) et de réagir en temps réel. Ils permettent aussi de collecter les avis du public, d’expliquer le sens des décisions municipales, de rectifier des idées reçues. Les citoyens peuvent y interpeller directement et facilement les élus, en sachant qu’ils auront toujours et rapidement une réponse. Au final, ils permettent de renforcer le sentiment d’appartenance à une même collectivité.
Le temps investi dans ces réseaux est en fin de compte du temps gagné, pour comprendre l’opinion publique (en intégrant les biais du système), anticiper des difficultés, régler une question en direct, sans s’en remettre à un rendez-vous ultérieur. Ce système offre une disponibilité du service public bien au-delà des horaires de bureau et rapproche élus, services et population.
Quel est votre premier souvenir sur internet ?
J’ai eu accès à Internet pour la première fois en 1994, dans la cadre de mon activité professionnelle de juriste au Conseil de l’Europe, lorsque, immense révolution, les agents de l’Organisation ont été chacun doté d’un PC incluant une connexion au Web. Je me souviens d’avoir été pris de vertige devant les possibilités infinies d’informations que l’on pouvait trouver sur tous les sujets de manière quasi instantanée, sans avoir à faire des recherches en bibliothèque ou à parcourir des articles de presse collationnés par les documentalistes. Je restais au bureau durant la pause méridienne pour passer frénétiquement d’un sujet à l’autre, tant professionnel que d’intérêt personnel. Côté professionnel, nous étions dans la grande période de changements politiques à l’Est de l’Europe, après la chute du Mur de Berlin, et je cherchais tous azimuts des informations quant aux réformes en cours. Côté personnel, j’essayais notamment d’assouvir ma passion pour les événements sportifs en tapant des mots-clés relatifs à des sportifs ou des manifestations. Je me rappelle ce sentiment de boulimie de consommation d’informations et cette conviction que le monde s’offrant à nous et devenait brutalement plus petit.
Quels sont vos prochains projets pour le mandat ?
A l’échelle de la Communauté de communes, pour soutenir l’attractivité du commerce de proximité, nous sommes en train de mettre en place avec l’association des commerçants une carte de fidélité numérique appelée à évoluer en une « monnaie locale numérique ». Sur leur compte individuel (par le biais d’une carte numérique et/ou d’un compte virtuel géré via leur smartphone), les clients des commerces de centre-ville auront, outre un certain nombre d’avantages (deux heures de parking quotidien gratuit, accès privilégiés à des offres promotionnelles, …), la possibilité de cagnotter, en euros, jusqu’à 3 % de leurs achats sur cette carte, qu’ils pourront ensuite librement dépenser dans les commerces locaux. L’objectif est de développer ainsi une économie circulaire sur le territoire, par le biais de cette monnaie électronique bien réelle mais consommable localement.